Interview N° 5

Pensez-vous que l’agilité et les intelligences multiples peuvent mener à une performance globale ?
La question est très pertinente d’autant plus que nous avançons dans un monde incertain, complexe et ambigu et qu’il est nécessaire de solutionner les problèmes et de progresser. L’adaptation au réel est cruciale et les entreprises sont appelées à performer malgré toutes les contraintes subies. Plaçant leur capital humain au cœur des opérations, la réactivité et la capacité d’anticipation deviennent un atout privilégié.

Et de toute évidence l’intelligence humaine qui est l’essence de toutes les autres formes d’intelligence qu’elles soient, cognitive, analytique, émotionnelle, spirituelle, sociale, économique et bien sûr artificielle ne peut que se combiner à toutes ces formes pour mener à la performance globale ; toutefois il est utile de rappeler que si l’intelligence artificielle a pris le dessus ces derniers temps, ceci ne doit pas conduire à sous-estimer l’intelligence humaine.

En fait il est nécessaire pour les entreprises d’avoir une stratégie claire, de revisiter en permanence et régulièrement leurs objectifs, leurs orientations, et leur positionnement sur le marché. En prêtant attention à l’environnement externe, elles doivent être capables de faire une veille soutenue, d’identifier les menaces et les opportunités et d’agir en conséquence. C’est ainsi que les intelligences individuelles multiples du potentiel humain présent au sein de ces organismes donnent forme à une intelligence collective et mettent en interaction la créativité, les prises d’initiatives, la capacité d’innovation et le dynamisme en faisant recours à des outils d’intelligence artificielle pour accomplir les taches requises avec une rapidité et efficacité extraordinaires.

L’encouragement de ces comportements et attitudes ainsi que la dynamique expérimentée permettent un plan d’action diversifié à savoir s’approprier une culture d’ouverture et d’autonomie, mettre en place de nouvelles pratiques, implémenter de nouveaux modèles de gestion. Bien plus ces nouvelles postures et ce nouvel état d’esprit donnent naissance à de nouveaux systèmes générateurs de valeur économique, de nouveaux produits, de nouvelles structures organisationnelles, conditions incontournables d’une performance globale. Il va sans dire que si ce mode de fonctionnement est adopté par chaque collaborateur dans une entreprise et qu’il est adopté par toutes les équipes cette dernière ne peut que devenir agile.

Quels bénéfices tirez-vous des intelligences multiples pour réaliser l’agilité ?
Je commencerai d’abord par une définition de l’agilité en entreprise comme la capacité pour les managers et les collaborateurs au sein de cette entreprise à être réactifs et proactifs, à s’adapter rapidement aux imprévus et à l’incertain, à conduire et s’approprier le changement, à prendre des décisions rapides et efficaces, à anticiper les nouvelles tendances et à privilégier la créativité et l’innovation.

L’agilité est donc un état d’esprit particulier, un mindset solide et une prise d’actions qui requiert des intelligences multiples qu’elles soient analytique ou émotionnelle ou sociale ou économique ou alors artificielle appelées à  interagir entre elles et à braver toutes formes de turbulences externes et  séries de crises .En fait de toute évidence si on positionne toutes ces intelligences multiples dans un champ managérial avec toute la complexité qui en découle et qu’on tire profit de leur combinaison on satisfait les conditions requises pour l’agilité.

Bien plus l’agilité individuelle fait partie des compétences professionnelles et des soft skills qui se développent et s’entretiennent et ne peuvent être profitables que lorsqu’elles s’intègrent dans un mouvement d’ensemble et dans une perspective de coopération. Si les collaborateurs capables de prendre des initiatives coopèrent pour une amélioration constructive et continue de leurs méthodes de travail, ils créeront une synergie d’équipe et instaureront un climat de confiance, de solidarité, empathie, reconnaissance, autonomie, prise d’initiative, innovation et apprentissage des erreurs.

Tous ces attributs essentiels de l’agilité porteurs de sens au cœur de l’action s’observent en tirant bénéfice de l’intelligence analytique relativement à un écosystème complexe et changeant, l’intelligence émotionnelle relativement à la mesure du quotient émotionnel orienté processus et ciblant la résolution des problèmes et la régulation des comportements liés aux émotions, l’intelligence sociale interpersonnelle et relationnelle et bien évidemment l’intelligence artificielle, véritable odyssée humaine mettant en lumière la capacité des machines à effectuer des taches complexes et de simuler l’intelligence humaine.

 

Quel impact éthique pour s’inscrire dans les intelligences multiples ?     
Il est vrai que la complexité des dimensions de l’éthique s’impose pour reconnaitre et décrypter les intelligences multiples. A cet effet elle questionne l’interaction de ces intelligences multiples présentes au sein de l’entreprise et elle s’intensifie pour l’intelligence artificielle qui va probablement sacrifier la confidentialité des données pour atteindre la réactivité et pro activité. En fait  les informations fournies doivent être crédibles et fiables.

Toutefois les professionnels de l’entreprise qui fonctionnent en intelligence collective doivent se faire confiance et privilégier l’honnêteté et l’intégrité dans l’échange d’information.

La présence des variables individuelles, contextuelles, groupales et organisationnelles montrent une complexité très importante qui peut influencer le comportement éthique et l’intelligence artificielle conjuguée aux autres types d’intelligence peut créer un effet boomerang et créer de nombreux défis en termes d’éthique.

Toutefois les autres formes d’intelligence une fois prises en compte et valorisées minimiseront les préoccupations éthiques liées à l’IA sur le lieu de travail et l’éventuel remplacement des travailleurs par l’automatisation. De toute évidence le biais potentiel des systèmes de l’IA ainsi que les résultats discriminatoires de ces systèmes sur le lieu de travail concernant les décisions d’embauche ou l’évaluation des performances doivent être éliminés.

Tout impact négatif devra être atténué et la créativité ainsi que l’empathie et l’interaction humaine avec un impact éthique doivent être encouragées et confortées. Un renforcement des capacités des collaborateurs à cet effet peut sembler indispensable et malgré tous les défis les entreprises peuvent prendre des mesures pour s’assurer que l’utilisation de l’IA est éthique et responsable.