Interview N° 12

Pensez-vous que l’agilité et les intelligences multiples peuvent mener à une performance globale ?
Jusqu’ à récemment, le pilotage stratégique des organisations, qu’elles soient publiques ou privées, proposait une lecture rapide des indicateurs de performances en interne, se focalisant notamment sur une analyse de l’environnement socio-économique (Julien et Marchesnay, 1987).

En effet, face à la volatilité des marchés financiers et le « poids » du contexte géostratégique, les entreprises se sont focalisées sur les éléments extérieurs de changement en prônant le benchmarking, le processus d’étalonnage et par là-même un mimétisme primaire dénué d’une quelconque contextualisation des mises en pratique (Hémidy, et al. 1993).

Or aujourd’hui, la notion de performance globale est adoubée par la nouvelle doxa des marchés financiers, qui s’emploie à légitimer la notion d’ « ESG » acronyme des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Incorporant ainsi, à l’analyse de la performance globale, des indicateurs « extra-financiers », à titre d’exemple le « calcul du risque climatique » ou encore l’empreinte sociale et éthique des organisations sur leur environnement immédiat (Li, et al, 2021).

Or, cette nouvelle injonction à la responsabilité sociale des organisations, exprime aussi une nouvelle lecture des priorités accordées à la résilience (Agilité) économique, désormais possible grâce au concept de « Capital Humain » et « d’intelligence collective » (Zara, 2008).

La génération de la data devient aussi bien axée sur les données qualitatives, à savoir historiques ou prospectives des ressources humaines (qui permettent la narration Case Studies), aux côtés des traditionnelles données numériques et normatives (qui permettent la comparaison).

Quels bénéfices en tirez-vous des intelligences multiples pour réaliser l’agilité ?
La Théorie des intelligences multiples développée par Howard Gardner (1987) a permis une meilleure compréhension des modes/méthodes d’apprentissage par/des individus. A leur tour, les organisations socio-économiques permettent aussi un apprentissage continue à leurs talents, à leurs collaborateurs, contribuant ainsi in fine à la consolidation de la singularité de leurs équipes managériales.

Aussi, la reconnaissance des multitudes /multiplicités des profils qui constituent une entreprise, est en soit la clé de son adaptation au changement et la contribution même à son agilité organisationnelle.

Quel impact éthique pour s’inscrire dans les intelligences multiples ?
Le leadership transformationnel s’appuie sur la vision de l’incarnation d’un modèle éthique, en l’occurrence celle du leader face à ses collaborateurs. Mais nous pouvons étoffer la démonstration, en prônant que l’impact éthique des managers s’incarne dans l’acceptation du profil singulier de leurs collaborateurs.

En effet, la recherche d’efficacité et donc de performance doit se manifester dans l’accompagnement de la montée en compétence des collaborateurs tout en préservant la diversité des profils à l’œuvre au sein des équipes managées et ce, dès la politique de recrutement, en passant par celle de la formation que de la préparation aux postes à responsabilités.